'fallait y penser! Les représentations de Saint Sébastien pour illustrer l'histoire du slip!
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XVè-XVIè siècle - La braguette, une ouverture dans l'histoire du slip
La braguette pourrait être l'ancêtre du slip à poche. Ce sont les Allemands qui donnèrent un essor particulier à cette traditionnelle pièce de tissus rectangulaire qui couvrait l'ouverture des hauts-de-chausses et qu'on fermait par des boutons, ou plus souvent par des aiguillettes, sortes de lacets passés dans des œillets qui empêchaient la bistouquette de se promener indûment à l'extérieur ! Les Italiens lui inventèrent un nom : « bragetto ». Mais c'est le roi de France Charles IX qui la mis en valeur d'une façon bien originale : la pièce de tissu était rembourrée tant et si bien qu'elle prenait d'impressionnantes proportions. Cette proéminence marquée – et remarquée – valorisait le membre viril et par là même la puissance du souverain. Le sieur Villandri, fidèle du roi, l'apprit à ses dépends. Il vint un jour à toucher la guillery du roi et fut condamné pour crime de lèse majesté. On ne plaisantait pas avec les bijoux royaux ! Le roi marqua ainsi la mode de son temps, influençant les gentilshommes de la Renaissance qui se pavanaient avec élégance dans de volumineuses braguettes jusque dans les années 1580. Tant et si bien que cette mode vient jusqu'à irriter Montaigne qui qualifiait dans ses Essais ce protubérant artifice utilisé par les nobles de « ridicule pièce » qui « accroît leur grandeur naturelle par fausseté et imposture ». L'influence de la braguette fut considérable dans toute l'Europe et pour toutes les catégories sociales, comme en témoigne la peinture de l'époque. En Italie, les pages et gentilshommes de la Renaissance sont immortalisés par les peintres Carpaccio, Mantegna, Giorgione, Clouet ou le Titien. Les paysans de Brueghel ou d'autres artistes flamands n'échappent pas à la mode, pas plus que les reîtres et les commerçants du Nord peints par Holbein ou Granach. Tout le monde se sert de la braguette et l'usage du linge de corps se répand.
Cependant, si la braguette se popularise à cette époque, le slip semble lui aussi à la mode. Il existe un personnage qui est depuis le XIIIè siècle représenté en sous-vêtement et presque une fois sur deux dans une vêtement qui rappelle de près le slip. Ce personnage, c'est Saint Sébastien, un martyr romain mort en l'an 228 et qui au XVè siècle symbolisait la lutte contre la peste. Pourquoi ? Tout simplement parce que Sébastien, à l'image d'un pestiféré a vu son corps se couvrir de cicatrices. Mais ces plaies n'étaient point dues à la maladie. Elles étaient le fait de flèches tirées par des archers Dioclétiens. Parce que Sébastien était chrétien, il subit le supplice de la sagitation mais s'en sorti grâce à la dévotion de quelques âmes charitables. Dans la peinture italienne, ce personnage est sur représenté, surtout à Venise dont il protégea la population contre la peste (avec assez peu d'efficacité d'ailleurs !) Les représentations du Saint sont intéressantes car il est toujours peu vêtu afin de montrer aux dévots le corps transpercé de flèches. L'un des peintres les plus célèbres de la cité des Doges était Giovani Bellini. Celui-ci, dans un de ses plus beaux tableaux exposé à Florence représente un Saint Sébastien mélancolique percé de plusieurs flèches et ceint d'une sorte de slip. Cette Allégorie sacrée du paradis, peinte probablement en 1485 donne une idée assez précise des sous-vêtements portés à cette époque.
Bellini - 1485 | Montagna | Memling | Messina - 1476 | Della Francesca | Civitali - 1492 |
Le linge de corps apparu à cette époque entraîne des changements dans les règles de l'hygiène. Il était courant avant cette époque de se laver nu et de manger avec les doigts. L'apparition de la fourchette et des sous-vêtements permettra pendant une longue période aux hommes et aux femmes de n'avoir plus besoin de se laver aussi souvent. Le linge étant plus facile à laver que le corps lui-même. Mais retournons aux braguettes dont l'usage n'était pas exclusif : il n'était pas rare que cette poche serve à un garder son mouchoir, on y cachait sa bourse et ses monnaies, ou même des fruits que l'on voulait faire mûrir ! Les soldats avaient droit à un traitement privilégié puisque certains de ces appareils étaient en fer ! François Rabelais précisait en 1532 dans Pantagruel que la braguette constituait « la première pièce de l'armure ». Seuls les cavaliers refusaient de porter cet accessoire supplémentaire pour leur armure. Confort oblige. Peut-être un jour cette fameuse braguette à aiguillettes réapparaîtra-t-elle sur un nouveau modèle de slip ? Couturier, à vos ciseaux... et visez bien !
---> Sources --->
Construire n°7, Larousse, Encyclopédie Hachette,
Histoire de la mode masculine par Colin McDowell,
Éloge du bas par Paolo Lombardi et Mariarosa Schiaffino,
Histoire de la pudeur par Jean-Claude Bologne,
Sébastien l'icône détournée, par Michel Braudeau in Le Monde du 28 juillet 2004
citées par le site: Histoire du slip : l'influence des anciens (JC-XIXè siècle)