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14 mars 2008

Saint Sébastien en slip!

'fallait y penser! Les représentations de Saint Sébastien pour illustrer l'histoire du slip!

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XVè-XVIè siècle - La braguette, une ouverture dans l'histoire du slip

La braguette pourrait être l'ancêtre du slip à poche. Ce sont les Allemands qui donnèrent un essor particulier à cette traditionnelle pièce de tissus rectangulaire qui couvrait l'ouverture des hauts-de-chausses et qu'on fermait par des boutons, ou plus souvent par des aiguillettes, sortes de lacets passés dans des œillets qui empêchaient la bistouquette de se promener indûment à l'extérieur ! Les Italiens lui inventèrent un nom : « bragetto ». Mais c'est le roi de France Charles IX qui la mis en valeur d'une façon bien originale : la pièce de tissu était rembourrée tant et si bien qu'elle prenait d'impressionnantes proportions. Cette proéminence marquée – et remarquée – valorisait le membre viril et par là même la puissance du souverain. Le sieur Villandri, fidèle du roi, l'apprit à ses dépends. Il vint un jour à toucher la guillery du roi et fut condamné pour crime de lèse majesté. On ne plaisantait pas avec les bijoux royaux ! Le roi marqua ainsi la mode de son temps, influençant les gentilshommes de la Renaissance qui se pavanaient avec élégance dans de volumineuses braguettes jusque dans les années 1580. Tant et si bien que cette mode vient jusqu'à irriter Montaigne qui qualifiait dans ses Essais ce protubérant artifice utilisé par les nobles de « ridicule pièce » qui « accroît leur grandeur naturelle par fausseté et imposture ». L'influence de la braguette fut considérable dans toute l'Europe et pour toutes les catégories sociales, comme en témoigne la peinture de l'époque. En Italie, les pages et gentilshommes de la Renaissance sont immortalisés par les peintres Carpaccio, Mantegna, Giorgione, Clouet ou le Titien. Les paysans de Brueghel ou d'autres artistes flamands n'échappent pas à la mode, pas plus que les reîtres et les commerçants du Nord peints par Holbein ou Granach. Tout le monde se sert de la braguette et l'usage du linge de corps se répand.

Cependant, si la braguette se popularise à cette époque, le slip semble lui aussi à la mode. Il existe un personnage qui est depuis le XIIIè siècle représenté en sous-vêtement et presque une fois sur deux dans une vêtement qui rappelle de près le slip. Ce personnage, c'est Saint Sébastien, un martyr romain mort en l'an 228 et qui au XVè siècle symbolisait la lutte contre la peste. Pourquoi ? Tout simplement parce que Sébastien, à l'image d'un pestiféré a vu son corps se couvrir de cicatrices. Mais ces plaies n'étaient point dues à la maladie. Elles étaient le fait de flèches tirées par des archers Dioclétiens. Parce que Sébastien était chrétien, il subit le supplice de la sagitation mais s'en sorti grâce à la dévotion de quelques âmes charitables. Dans la peinture italienne, ce personnage est sur représenté, surtout à Venise dont il protégea la population contre la peste (avec assez peu d'efficacité d'ailleurs !) Les représentations du Saint sont intéressantes car il est toujours peu vêtu afin de montrer aux dévots le corps transpercé de flèches. L'un des peintres les plus célèbres de la cité des Doges était Giovani Bellini. Celui-ci, dans un de ses plus beaux tableaux exposé à Florence représente un Saint Sébastien mélancolique percé de plusieurs flèches et ceint d'une sorte de slip. Cette Allégorie sacrée du paradis, peinte probablement en 1485 donne une idée assez précise des sous-vêtements portés à cette époque.



Bellini - 1485

Montagna

Memling

Messina - 1476

Della Francesca

Civitali - 1492

D'autres artistes illustrent aussi, à leur manière, les prémisses du slip. Par exemple, l'Italien Bartolomeo Montagna, ou l'Allemand Hans Memling, lui-même inspiré par la peinture flamande. Tous deux représentent un Saint Sébastien dans une sorte de slip particulièrement moulant. Mais les représentations les plus intéressantes sont probablement celles d'Antonello da Messina et du peintre Piero della Francesca. Ces deux artistes peignent à la même époque un Sébastien dont le vêtement à tout l'air d'un slip, voir même d'un slip de bain. En effet, Piero ajoute un détail très précis sur son tableau peint entre 1445 et 1460 : une petite cordelette destinée à maintenir l'étoffe serrée autour de la taille du personnage. Quant à Antonello – lui aussi formé à l'école flamande et qui introduisit la peinture à l'huile en Italie – son slip est du même modèle que les maillots de bains les plus à la mode au début des années 2000. À peine quelques années plus tard en 1492, le peintre, décorateur, architecte et sculpteur Matteo Civitali va lui aussi réaliser un Sébastien vêtu d'un slip plus vrai que nature.

Le linge de corps apparu à cette époque entraîne des changements dans les règles de l'hygiène. Il était courant avant cette époque de se laver nu et de manger avec les doigts. L'apparition de la fourchette et des sous-vêtements permettra pendant une longue période aux hommes et aux femmes de n'avoir plus besoin de se laver aussi souvent. Le linge étant plus facile à laver que le corps lui-même. Mais retournons aux braguettes dont l'usage n'était pas exclusif : il n'était pas rare que cette poche serve à un garder son mouchoir, on y cachait sa bourse et ses monnaies, ou même des fruits que l'on voulait faire mûrir ! Les soldats avaient droit à un traitement privilégié puisque certains de ces appareils étaient en fer ! François Rabelais précisait en 1532 dans Pantagruel que la braguette constituait « la première pièce de l'armure ». Seuls les cavaliers refusaient de porter cet accessoire supplémentaire pour leur armure. Confort oblige. Peut-être un jour cette fameuse braguette à aiguillettes réapparaîtra-t-elle sur un nouveau modèle de slip ? Couturier, à vos ciseaux... et visez bien !

---> Sources --->

Construire n°7, Larousse, Encyclopédie Hachette,

Histoire de la mode masculine par Colin McDowell,

Éloge du bas par Paolo Lombardi et Mariarosa Schiaffino,

Histoire de la pudeur par Jean-Claude Bologne,

Sébastien l'icône détournée, par Michel Braudeau in Le Monde du 28 juillet 2004

citées par le site: Histoire du slip : l'influence des anciens (JC-XIXè siècle)

10 déc. 2007

Michelangelo - Sistine Chapel / Michel-Ange - Chapelle Sixtine

"Le pape Sixte IV a fait aménager la chapelle Sixtine (à laquelle il donne son nom) du Vatican et c'est Michel-Ange qui en a peint les fresques vers 1540. Dans l'une des principales sections, quatre cents figures représentent le Jugement Dernier. Le Paradis en couvre plus de la moitié de la surface, avec, au centre, le Christ en juge et près de lui, la Vierge Marie. Au dessous les âmes des jugés montent au ciel, et plus bas encore, à gauche, on voit celles qui sont entraînées en enfer, au centre les anges qui réveillent les morts de leurs tombes, et à droite la barque de Charon."...

"The pope Sixtus IV made do up the chapel Sistine (to which he gives his name) in the Vatican City and it is Michelangelo who painted its frescoes circa 1540. In one of the main sections, four hundred faces represent the doomsday. Paradise covers more of the half of the surface, with, in the centre, Christ as a judge and near to him, the Virgin Mary. Below them, the judged souls go up to the sky, and still lower, to the left, one sees those who are drawn away to Hell, in the centre, the angels awaking deaths in their tombs, and to the right, the small boat of Charon."...

... "Près du Christ et parmi d'autres saints, on peut voir Saint Sébastien, caractérisé par un faisceau des flèches qu'il tient dans sa main gauche. C'est ainsi que le peintre a voulu représenter son statut de soldat romain, en chef de la garde personnelle du cruel empereur Dioclétien. Sa stature est l'une des plus fortes de la fresque, le thorax est massif et presque carré, les bras courts et larges. La disposition des mains est aussi indicateur de force et de décision. En revanche, le visage dénote beaucoup plus de sensibilité, et les cheveux tombent ondulés sur les épaules. L'extrémité d'un tissu couvre à peine une partie de l'aine, en prenant la forme du membre qu'il cache, d'un volume résolument plus grand que pour les autres figures masculines imaginées par Michel Ángelo. Le Saint-Sébastien se détache comme l'une des plus belles représentations, puissantes et bonnes du Jugement Universel, peint sobrement dans de diverses tonalités d'ocre, près d'autres formes multicolores, et sur un fond de ciel clair."

..."Near Christ and among other saints, you can see Saint Sebastian, characterized by a beam of the arrows which he holds in the left hand. That's how the painter wanted to represent his status of Roman, chief soldier of the personal guard of the cruel emperor Diocletian. His stature is one of the strongest of the fresco; the thorax is massive and almost ensconced; the arms are broad and short. The disposition of hands is also indicator of force and decision. Nevertheless, the face denotes much more feelings, and hair falls wavy on his shoulders. The end of a cloth barely covers a part of the groin by taking the form of the member which it hides, of a resolutely bigger volume than for other masculine characters imagined by Michelangelo. Saint Sebastian breaks loose as one of the nicest presentations, powerful and good of Last Judgement, painted with moderation in various tonalities of ochre, near other multicoloured forms, and on a background of clear sky."

Manuel Puig. The Buenos Aires Affair. Buenos Aires, Amérique du Sud, 1973. P. 217

Manuel Puig. The Buenos Aires Affair. Buenos Aires, South America, 1973. P. 217

Traduction d'après le blog d'un autre passionné de St Sébastien: Linkillo (cosas mías)

Translation from the blog of another St Sebastian fan : Linkillo (cosas mías)